L'ORPAILLEUR SOUS LA PLUIE / THE ORPAILLEUR UNDER THE RAIN
1.Un peu de météo /
little weather
Saviez-vous qu’il pleut plus à Ouagadougou qu’à Paris ou à Bruxelles ? La saison des pluies est courte et s ‘étend de juin à fin septembre. Pendant cette petite période, il pleut plus que durant toute une année à Paris. Did you know it rains more in Ouagadougou and Paris or Brussels? The rainy season is short and is performed from June to late September. During this early period, it rains more than a whole year in Paris.
L’orpaillage sous la pluie / the orpailleur under the rain Les pluies sont assez brèves mais très violentes : en quelques minutes, tout est sous eau et quelques heures plus tard, celle-ci est absorbée par la terre. La violence des orages provoque des dégâts énormes.
Rainfall is fairly short but very violent: in a few minutes, everything is under water, and a few hours later, it is absorbed by the earth. The violent storms caused enormous damage.
Les routes sont impraticables /
L'orpailleur / ORPAILLEUR
Généralement l’orpailleur est un agriculteur. Pendant la saison des pluies, il retourne chez lui et travaille sur ses terres pour nourrir sa famille.
English Generally the gold washers is a farmer. During the rainy season, he went home and worked on his land to feed his family
L’orpailleur retrouve ses champs / L'Orpailleur found his fields
L’orpaillage est récent au Burkina Faso : il a débuté dans les années quatre-vingt.
L’or a toujours fait rêver, même les plus pauvres. L’orpaillage, c’est un peu le Lotto du pauvre au Burkina Faso.
Pendant les saisons où la terre est brûlée par le soleil et la récolte mauvaise, le paysan se convertit, souvent par misère, en orpailleur. Il se voit obligé de gagner un peu d’argent afin de s’acheter les semences pour la nouvelle saison.
Panning for gold is recent in Burkina Faso: it began in the eighties.
Gold has always been dreaming, even the poorest. Panning for gold is a bit of the Lotto poor Burkina Faso.
During the seasons when the land is burned by the sun and the poor harvest, the farmer converts, often by misery, gold washers. He was forced to earn a little money to buy seeds for the new season.
1.3 rains made impassable mines
During the rainy season, mines are under water. With the help of pumps, when they, minors are trying to clear mines. While the risk of collapse by seepage are enormous. Fatal accidents are common currency. In August 2006, a mine near Will collapsed, causing more than sixty missing.
Les pluies rendent les mines impraticables / The rains make mine impassable
Pendant la saison des pluies, les mines sont sous eau. A l’aide de pompes, quand ils en ont, les mineurs tentent de vider les mines. Les risques d’éboulement par infiltration d’eau sont énormes. Les accidents mortels sont monnaies courantes. Au mois d’août 2006, une mine près de Pourra s’est effondrée, provoquant plus de soixante disparus.
thuring the rainy season, mines are under water. With the help of pumps, when they, minors are trying to clear mines. While the risk of collapse by seepage are enormous. Fatal accidents are common currency. In August 2006, a mine near Will collapsed, causing more than sixty missing.
Les plus pauvres des pauvres / The poorest of the poor
Les plus faibles, ceux sans la moindre ressource, sont souvent piégés et pris dans l’engrenage de l’orpaillage. Ils vivent dans la plus grande misère et dans l’insécurité et sont obligés de rester pour payer leurs dettes.
Comme les puits sont sous eau et que plus aucun minerai d’or n’arrive de la mine, il ne reste plus que les vieilles boues à retraiter une troisième ou quatrième fois dans l’espoir d’y trouver encore un peu d’or.
Ceux qui retravaillent les boues sont appelés les dameurs. Les dameurs achètent les boues aux mineurs et les déplacent dans un chariot tiré par un âne.
The weakest, those with no resources, are often trapped and caught in the spiral of gold panning. They live in absolute poverty and insecurity and are forced to remain to pay their debts.
As wells are under water and that no more gold ore from the mine does, leaving only the old sludge to be reprocessed a third or fourth time in the hope of finding a little gold .
Those who reworking sludge are called dameurs. The dameurs buy sludge to minors and moving in a cart pulled by a donkey.
Le dameur avec son chariot
Ils travaillent 12 à 14 h par jour et relavent plus d’une tonne de boue pour ne trouver qu’un gramme d’or.
Ils doivent souvent rembourser l’argent aux acheteurs d’or qui les ont subsidiés pendant toute la saison d’orpaillage. Ils sont ainsi forcés de leur revendre l’or à de très mauvaises conditions : 4.000CFA le gr, soit près de 6€ au lieu de 12€.
The dameur with his trolley
They work 12 to 14 hours per day and relavent more than a ton of mud just to find a gram of gold.
They often have to be repaid to the buyers of gold which have subsidised throughout the season mining. They are thus forced to sell their gold in very poor conditions: the 4.000CFA grams, or nearly 6 € instead of € 12.
Puis, vous avez ceux qui n’ont plus rien. Ils fouillent pendant des heures le sol dans l’espoir de faire fortune et obtiennent de petites pépites d’or de quelques grammes. C’est de l’or alluvial.
Then you have those who have nothing. They dig for hours on the ground in an attempt to make money and obtain small nuggets of gold from a few grams. That's alluvial gold
Les orpailleurs recherchent des pépites d’or / The diggers looking for gold nuggets
Sur une de nos zones de recherche minière, près de Fada, au mois d’août 2006, une femme a découvert une pépite de 400 gr, une vraie fortune.
On one of our areas of research mining near Fada, in August 2006, a woman discovered a nugget of 400 grams, a real fortune.
Les sites d’orpaillages / The sites orpaillages
Pendant la saison des pluies, la plupart des sites sont abandonnés par les orpailleurs qui retournent dans leurs champs. Les rares qui y restent sont les plus pauvres. Ils vivent dans de très mauvaises conditions d’hygiène. Le paludisme fait des ravages. Ils sont isolés, les routes sont impraticables et les commerçants ne viennent que très rarement.
During the rainy season, most of the sites are abandoned by the diggers who return to their fields. The few who remain are poorer. They live in very poor conditions of hygiene. Malaria is rampant. They are isolated, the roads are impassable and traders do very rarely.
Ce qui nous surprend le plus, lors de nos visites, c’est le maintien du sourire et de la dignité des orpailleurs malgré leur vie misérable, sans la moindre hygiène et dans l’insécurité totale. C’est une belle leçon de moral qu’ils nous donnent.
What surprises us most during our visits, maintaining the smile and dignity of diggers despite their miserable lives without any health and in total insecurity. It's a great moral lesson to give us. Bernard VAN PELT, Emmanuel BAMOUNI, Médard OUEDRAOGO d’Once d’or, les enfants et les mineurs
La nature revit
Au Burkina Faso, on parle de la saison d’hivernage qui représente la saison de pluie de juin à septembre.
La nature reprend le dessus après les premières pluies
Après de longs mois de sécheresse, la nature reprend le dessus pendant une toute petite période et se développe très rapidement. Le maïs qui pousse durant près de 6 mois en Europe se développe en 60 jours au Burkina Faso.
The nature takes the upper hand after the first rains
After several months of drought, nature takes the upper hand over a very small period and is developing very rapidly. The corn that grows for nearly 6 months in Europe is growing by 60 days in Burkina
Un baobab / Le fruit du baobab
A baobab / The fruit of the baobab
En un mois de temps la nature est brûlée par le soleil
In one month's time nature is burned by the sun
The nature takes the upper hand after the first rains
Bernard VAN PELT, Emmanuel BAMOUNI, Médard Once OUEDRAOGO of gold, children and minors
The dameur with his trolley
Roads are impassable
Nous remercions particulièrement la population qui nous a si gentiment reçus sur les divers sites.
L’entrée vers le campement de la mine L’organisation sur le site d’orpaillage se présente sous forme de plusieurs groupements d’orpailleurs. Chaque groupement est composé de plusieurs familles venant de différents villages.
Autour de la mine, ce n’est pas l’anarchie car, à notre grande surprise, toute une organisation hiérarchisée est en place et fonctionne. Les autorités de l’Etat Burkinabé n’arrivent pas jusqu’ici. Les pauvres paysans qui travaillent dans la mine sont souvent exploités et raquettés par des organisations douteuses.
Le trafic L’orpailleur travaille dans cette structure hiérarchisée mais reste très indépendant : il arrive sur un site mais repart parfois aussi vite qu’il n’est venu. Les orpailleurs se déplacent suivant les rumeurs de production sur les sites.
Malheureusement, aux côtés des femmes, on constate un nombre très important de jeunes enfants des deux sexes. L’exploitation artisanale est archaïque : les deux outils qui nous rappellent notre siècle sont les sacs en plastique et les lampes de poche.
Le climat de travail est basé sur le « chacun pour soi », ce qui accentue l’impression d’être dans le « Far West africain ».
1.2.La situation de la mine
Les miniers vivent parmi les détritus
Il n’existe, sur le site, aucune condition d'hygiène digne de ce nom. Les habitations sont très rudimentaires. Il n'y a ni eau courante ni électricité. Il faut chercher l’eau (propre) dans des puits assez loin de la mine. La consommation de l’eau est importante aussi bien pour le nettoyage des minerais que pour le sanitaire. Il y a des douches payantes, ravitaillées par des eaux douteuses, qui coûtent particulièrement cher aux pauvres miniers démunis.
Les femmes ont la tâche de chercher l’eau
Aucune possibilité de loisir n’existe sur le site, ce qui provoque des dérapages sociaux importants : dégradation des mœurs, alcoolisme, prostitution, vols, bagarres, consommation énorme de drogues. Le peu d’argent est donc vite dépensé à des futilités hors de prix.
La pollution de l’air provient des poussières d’exploitations, concassage et broyage du minerai, et des gaz provenant de vieux moteurs ainsi que de l’utilisation des produits chimiques (acide nitrique).
En ce qui concerne l’hygiène et la santé de la population, elle est nulle. Il n’y a ni médecin ni possibilité d’obtenir les premiers soins rudimentaires. Nous avons appris l’existence régulière de graves accidents. Plusieurs personnes sont mortes suite à des éboulements dans la mine. Les malades et les blessés sont souvent abandonnés à leur triste sort. Les journaux n’en parlent jamais.
La pauvreté excessive de la population a des conséquences directes sur l’environnement. La végétation, dans ces exploitations artisanales, souffre énormément : l’herbe, les branchages, les arbres sont coupés pour la construction des huttes et des hangars de traitement. Le bois sert au soutènement dans les puits et les galeries, à la confection d’échelles de descente dans les puits et comme bois de feu pour la cuisson des repas.
1.3.L'exploitation minière
Le village fait partie de la mine. Les cabanes des mineurs sont construites entre les entrées des puits et les puits suivent les filons d’or.
Les puits de mine entre les cabanes
Les minerais exploités sont des filons qui se trouvent à une profondeur de 30 m. L’exploitation se fait par grattage, par puits verticaux. Les orpailleurs creusent la mine en suivant le filon d’or. Le travail n’est pas aisé. La dureté du sol est telle que les orpailleurs passent souvent 10 jours pour creuser 5m de profondeur.
Les orpailleurs suivent la veine d’or
Le jeune mineur qui sort d’une mine L’entrée d’un puits de plus de 45 m
Le mineur travaille comme un rat Le mineur vit autour de son trou
L’eau s’infiltre dans le puits. Il n’y a pas de pompe et l’évacuation des eaux se fait par des seaux. C’est la plus grande cause d’accident : l’eau sape la stabilité de la mine et provoque beaucoup d’éboulements par manque de soutènement. Par manque de ventilation, les risques d’asphyxie en grande profondeur sont élevés.
Les déblais déposés autour des tranchées La vie autour du trou
L’accumulation des déblais constitue un véritable danger pour la stabilité des trous.Les outils utilisés dans la mine sont rudimentaires :marteaux, pioches, barres à mine, pelles, échelles en bois, seaux, calebasses, sacs en plastique ou en jute.
Le minerai sorti de la mine dans de vieux bidons Le minerai concassé
Le minerai sélectionné est concassé et broyé. Cette tâche est le plus souvent réservée aux femmes et aux enfants. Les individus deviennent blancs au contact de la poussière du granit.
Les femmes et les enfants concassent les pierres de quartz.
Le minerai est concassé par les femmes et les enfants pendant des heures. Ensuite il est réduit en poudre dans des moulins. C’est souvent le seul outil mécanique que l’on trouve sur les sites d’orpaillage. Il est très important d’obtenir la poudre la plus fine possible afin de pouvoir libérer l’or du quartz. Le vacarme des machines est si fort que, pour communiquer, il faut élever la voix.
Le minerai concassé est moulu dans des moulins.
La poudre très fine est alors lavée par panage ou par sluice. La technique est appliquée depuis le temps des pharaons. La poudre lavée devient de la boue. L’eau versée sur cette boue évacue d’abord les matières légères et l’or, qui est 15 fois plus lourd que l’eau, est récupéré sur des morceaux de tissu. On estime que seuls 30% de l’or sont recueillis par cette procédure.
L’orpailleur a les yeux fixés sur la rampe de lavage. La prunelle de ses yeux brille au fur et à mesure que l’eau ocre et jaune coule de son récipient. En face de lui, un autre orpailleur suit de près l’effet de l’eau sur le sable lavé. De temps à autre, il remue le sable fin afin de voir si rien n’y brille. Dans cet exercice, il découvre par moment des grains d’or. Cependant, tout orpailleur garde le secret sur le nombre de grammes d’or trouvé.
Le lavage se fait dans la rue du village
Nous avons, malheureusement, constaté l’utilisation, par de jeunes enfants, de produits chimiques comme le mercure, pour l’amalgamation de l’or.
Les enfants travaillant avec du mercure Le mercure, un poison violent
Par peur d’être l’objet de convoitise, les orpailleurs préfèrent vendre la quantité de métal jaune récoltée par jour. L’or est acheté par le responsable du site qui est souvent le chef du village. Comme les orpailleurs sont souvent illettrés, les poids de référence sont les allumettes et les pièces de 25 CFA qui représentent 8 gr.
Les poids de référence l’allumette et la pièce de 25 CFA Le chef du village qui rachète l’or sur place
Once d’Or rachète, pour l’exportation, l’or fondu aux responsables des sites. L’or est toujours racheté sur base du poids et de la teneur exprimée en carat. Celui racheté par Once d’Or se situe, en général, entre 20 et 22 carats. Nous rachetons de petites quantités que nous appelons des boutons d’or.
Les boutons d’or que nous achetons Un petit lingot de 215 gr à 22,5 carats
Il faut avoir beaucoup de respect pour les orpailleurs. Leur travail est très éprouvant. D’une tonne traitée manuellement, l’orpailleur retire de 2 à 10gr suivant la qualité du minerai.
1.4.Le côté humain de la mine n'existe pas
Un vieux mineur m’explique qu’il est agriculteur mais, pendant la saison sèche, pour survivre, il devient mineur. Il est venu de très loin pour trouver de l’or et devenir riche. Aujourd’hui, il sera déjà heureux s’il rentre avec assez d’argent pour acheter les graines à planter pour les prochaines pluies.
Le pauvre paysan qui cherche à faire fortune en cherchant des pépites d’or
Chaque jour, il descend dans un petit puits à 30 m de profondeur. Des seaux ont été lâchés vers le bas pour être remplis de gros morceaux de quartz. Dans le noir total et dans un air malsain, plein de poussières et de moustiques, il casse les morceaux de quartz avec son marteau. D’autres mineurs remontent, avec des cordes, les seaux remplis. Sa main est toute déformée à cause d’un coup de marteau qu’il a eu il y a deux ans.
Par une température de 45°C, des femmes et des enfants concassent, dans la poussière, les blocs de quartz. Ce sont les mêmes, les plus démunis, qui doivent prendre des risques insensés pour extraire l’or malgré le poison violent qu’est le mercure, et cela sans aucune protection.
La cuisine La nuit, la peur s’installe. La violence est journalière, ainsi que le vol, les abus sexuels et les arnaques en tout genre. Alors, on boit et on se drogue pour oublier la misère journalière.
1.5.Le mercure
La plupart des sites d'orpaillage utilisent le mercure pour amalgamer les paillettes d'or. Le mercure est ensuite évaporé par chauffage au chalumeau, le plus souvent sans utilisation de retorte (sorte d'alambic destiné à diminuer les pertes de mercure). Il s'ensuit que, chaque année, des dizaines de kilos de mercure sont relâchés dans l'atmosphère et dans les eaux fluviales.
1.6.Conclusion de nos visites
Les conditions de travail, de sécurité, d’hygiène des personnes et surtout des enfants sont particulièrement choquantes.
Les pauvres paysans mineurs sont totalement exploités et travaillent pour des salaires de misère. Le peu d’argent qu’ils gagnent est souvent récupéré par les organisations mafieuses locales qui vendent mille et un petits services à des prix hors concurrence.
Le minier exténué dort à côté de ses machines Par ce système, l’argent de l’or ne reste pas dans la mine. Aucun développement n’est possible. Les pauvres paysans mineurs ne peuvent donc pas investir dans du matériel comme une petite pompe à eau. Ils n’ont pas les moyens d’améliorer leur sort, ni d’augmenter les capacités d’exploitation. La mine que nous avons visitée est totalement sous-exploitée.
L'or jaune est composé de 980 ‰ d'or, de 10 ‰ d'argent et de 10 ‰ de cuivre. Il peut être pur.
L'or rouge est composé de 945 ‰ d'or et de 55 ‰ de cuivre.
L'or œ jaune est composé de 915 ‰ d'or, de 60 ‰ d'argent et de 25 ‰ de cuivre.
L'or citron est composé de 945 ‰ d'or et de 55 ‰ d'argent.
L'or gris est composé de 750 ‰ d'or, 150 ‰ de palladium et de 100 ‰ d'argent
L'or blanc français est composé de 200 ‰ d'or et de 800 ‰ d'argent, ailleurs en Europe, il est à 500 ‰, allié à 500 ‰ d'argent.
Chaque batteur d'or a ses alliages propres qui s'écartent légèrement de ces standards.